Il est 4h45 du matin.
Le réveil sonne comme une agression en plein sommeil et la première pensée qui traverse mon esprit est : « Mais quelle idée de se lever si tôt ? ».
Dehors, il fait encore nuit noire, un silence de cathédrale à peine troublé par le passage d’une voiture lointaine. Pourtant, dans un quart d’heure, je serai dans la bagnole avec mon pote Rico.
Non, on ne part pas à la recherche du yéti charentais. On va à la pêche au bord de mer.
Le trajet se fait dans une complicité silencieuse, l’esprit encore à moitié embrouillé de nos rêves de pêches miraculeuses, mais rythmée par une playlist de vieux rock qui crachote doucement.
On quitte alors la civilisation endormie, les lotissements aux volets clos, pour aller chercher autre chose, en communion avec la nature et les éléments. Un moment de paix. Un moment à nous.
Le rituel est plus important que la pêche
Il faut que tu comprennes. Cette sortie, ce n’est pas qu’un hobby, c’est tout un rituel. Un pèlerinage programmé des jours à l’avance, les préparatifs de la veille, une évasion cochée sur le calendrier comme une promesse de libération conditionnelle.
Avec Rico, on ne se demande même plus si on y va. La seule question, c’est : « Lever ou coucher de soleil ? ». On choisit notre camp, notre moment « entre deux mondes », celui où la journée n’a pas encore commencé ou celui où elle rend les armes.
Pour cette fois, après une mûre réflexion de quelques secondes autour d’un verre, c’est décidé, ce sera pour l’aube.
Notre “vrai matériel” de pêche : le sac à dos glacière
Si tu crois que je vais te lister nos modèles de cannes ou la marque de nos leurres, tu te trompes de site. Notre équipement à nous, le seul qui compte vraiment, c’est ce sac à dos glacière qui a connu vents et marées.
À l’intérieur, le triptyque sacré, notre sainte-trinité du bonheur simple : un morceau de saucisson, dont la seule odeur te réconcilie avec le genre humain ; un bout de baguette fraîche qui croustille sous la dent ; et une bouteille de rouge sans prétention, juste assez gouleyante pour rincer le gosier. Parfois, pour que la communion soit totale, une petite cigarette qui fait rire vient compléter le kit de survie, mais chut, faut pas le dire 😉
Les cannes ? Oui oui, elles sont là, bien sûr. Mais elles ont compris depuis longtemps qu’elles n’ont que le second rôle.
Le butin : l’aube, le doux bruit des vagues, les mouettes, et des rigolades
Et puis, on arrive. Que ce soit du côté de La Palmyre ou sur une plage infinie d’Oléron, le spectacle est le même. Le parking est vide. On est seuls au monde à part parfois 2 ou 3 surfeurs qui viennent profiter comme nous de l’instant magique de l’aube.
Le fracas sourd des vagues qui s’écrasent, le sifflement du vent dans les dunes et le cri lointain des mouettes. J’aime cette douce musique.
Ensuite, on marche un peu le long du rivage, nos lancers à la main, cherchant le « bon spot » sans forcément trop y croire. L’air iodé qui pique le visage, le crépitement de la mousse quand la vague s’écrase et se retire en millions de petites bulles. La luminosité ambiante qui commence à se propager. Et cette excitation, presque enfantine, au moment du premier lancer. La ligne qui siffle dans l’air, le leurre qui claque dans l’eau. Le geste est fait. La journée peut commencer.
On ne reste jamais statiques. On se balade, on discute. Parfois, on ne parle pas pendant une demi-heure, concentrés à scruter le moindre signal d’un poisson. Mais le smile est là. Un silence confortable, un silence de vieux potes qui n’ont plus rien à se prouver. Et puis le soleil qui perce, cette chaleur douce qui commence à te réchauffer le dos, les pieds qui s’enfoncent dans le sable humide…
C’est ça, le butin. Ce ne sont pas les quelques bars qu’on ramène une fois sur dix. Le vrai trésor, c’est ce sentiment de plénitude absolue, interrompu seulement par un éclat de rire à une connerie que l’un de nous deux vient de sortir.
Le moment tant attendu : la pause casse-croûte
Puis vient le moment de la pause, celle qui me permet de poser un regard tout autour de moi, de contempler chaque détail, chaque couleur, de voir Rico dans l’eau jusqu’aux genoux, avec son grand sourire habituel. Le gars est heureux, et moi aussi. On oublie tout le reste.
C’est le moment casse-croûte. On parle du poisson qu’on a senti une fraction de seconde au bout de la ligne, d’un souvenir commun, de l’instant présent, de notre prochain spot de pêche. Parfois, un autre pêcheur ou un surfeur qui passait par là se joint à nous, alors on lui tend un verre de rouge. On est là. La flamme est là.
La conclusion à tout ça mon ami(e)
Finalement, on le sait bien, la pêche n’est qu’un prétexte. Une excuse formidable pour se lever à une heure impossible, pour partager un bout de pâté face à l’océan et pour entretenir cette flamme fragile qu’on appelle l’amitié.
Aussi, je ne te dis pas de te mettre à pratiquer cette activité, mais d’appliquer la tienne, ou celle qui pourrait te plaire.
Ce sera peut-être prendre ton vélo pour emprunter les routes de campagne autour de chez toi ? Ou bien aller au bord d’une rivière avec un thermos de café et des croissants ? Ou encore, courir un moment en ville jusqu’à un point de vue ?
L’important, c’est de trouver ce qui te plaît au point de te faire lever à 5h du mat’ et de voir un lever de soleil. Juste pour profiter, juste pour sentir ton cœur battre un peu plus vite.
Et si tu peux partager ce précieux moment avec ton ou ta pote, ta gentille maman ou le Padre (enfin quelqu’un de proche), alors c’est coup double.
Et les autres ? Ils auraient tort de s’en priver, mais on ne pourra rien pour eux.




Personnellement, je n’aime pas la pêche. Le peu de fois que j’y suis allée, c’était pour tenir de la compagnie a des amis qui eux par contre, adoraient la pêche et qui cherchaient, sans succès, d en me faire comprendre la beauté cachée. Et pourtant, cet article a touché et parlé droit a mon cœur. Trouver et chérir quelque chose qu’on aime, quelque chose qui est a nous. Quelque chose qui nous fait sentir vivant. Quelque chose qui fait battre notre cœur. A toute âge. Parfois on l’oublie. Parfois on se laisse submerger par tout ce que on DOIT faire, pas qu on AIME faire. Et on s’en rend compte quand il est trop tard. Merci pour ce rappel si précieux
Merci beaucoup pour ce commentaire Valentina, qui en plus d’être le tout premier sur le site, va droit à l’essentiel. Tu as parfaitement compris que le vrai sujet, c’est cette flamme à protéger et à cultiver. Ravi que le message soit passé. Au plaisir de te relire Valentina (Celle qui a ouvert la voie).