Alors mon pote, tu te poses peut-être LA question, celle qui te hante plus que le refrain entêtant du dernier tube de l’été (celui que tes gosses écoutent en boucle, là, tu sais, celui qui te donne envie de t’exiler en Antarctique avec pour seule compagnie des manchots mélomanes), c’est : dois-je céder aux sirènes du Lycra et m’abonner à une salle de sport, ce purgatoire moderne où l’on expie ses péchés à coups de transpi, ou est-ce que ma balade quotidienne vers le zinc du coin pour l’apéro suffit à maintenir la machine en état de marche ?
Vaste débat, camarade.
Acte 1 : Le temple de la torture (ou la Salle, pour les intimes)
Franchement, l’idée de me retrouver au milieu d’une armée de clones huilés, qui grognent en soulevant des trucs plus lourds que ma dernière gueule de bois, tout ça en écoutant une musique qui ressemble à un message codé de dauphins sous ecstasy… comment dire ? Ça me fait un peu le même effet qu’une invitation à un séminaire sur la fiscalité des produits dérivés. Un enthousiasme proche du zéro kelvin.
Et puis, y’a le passif. Ces traumatismes d’enfance liés aux cours d’EPS, avec ce prof à moustache qui te gueulait dessus parce que tu grimpais à la corde comme un paresseux asthmatique. Ou cette mode des années 80, le fluo, les guêtres… Brrr. Rien que d’y penser, j’ai une contracture.
Mais – parce qu’il y a toujours un « mais », sinon ce serait trop simple, et on s’emmerderait comme un rat mort dans un bénitier – faut avouer un truc. Les gourous du « bouge-toi le popotin » n’ont pas complètement tort. Un peu de renforcement musculaire pour éviter de se tasser comme un vieux grimoire, un peu de cardio pour que la pompe (et je parle de celle qui est dans ta poitrine, pas de tes godasses) ne te lâche pas en pleine montée d’escalier après avoir couru après le bus… ouais, ça a du sens. Surtout quand ton cardiologue te regarde avec cet air de dire : « Mathieu, mon ami, le houblon, c’est bien, mais ton cœur n’est pas une brasserie. » (Oui, il me connaît bien, le bougre. Depuis l’épisode « petite alerte rouge à 50 balais », on a eu des conversations… disons, « motivantes »).
L’astuce, si tu optes pour cette voie, c’est de dénicher la salle « Encore Debout Compatible ». Un lieu sans frime, avec des gens normaux qui viennent plus pour dérouiller la carcasse que pour sculpter des abdos en titane et se prendre en selfie toutes les trois minutes. Peut-être même un endroit où ils passent du bon son, qui sait ? (Bon, là, je rêve peut-être un peu, mais l’espoir fait vivre, non ?)
Acte 2 : La marche sacrée vers la délivrance (susnommé, l’Apéro)
Ah, l’apéro ! Cette institution bien de chez nous, ce moment de grâce où le temps suspend son vol et où les glaçons tintent comme des clochettes de Noël en plein cagnard. Et cette marche pour y parvenir ? Une simple formalité ? Que nenni, mon ami, que nenni !
Si ta balade pour aller lever le coude se fait d’un pas alerte, en mode « j’ai une mission, et cette mission implique une mousse fraîche », tu cumules. Tu fais travailler le palpitant, tu t’oxygènes les neurones (ceux qui n’ont pas encore été dissous par les abus passés), et tu te prépares mentalement à refaire le monde. C’est du trois-en-un, mec ! Le « Système D » du bien-être.
Imagine le tableau : le soleil qui décline, une petite brise complice, tes jambes qui te portent vaillamment vers ton rade préféré où t’attendent les copains… C’est pas du bonheur en barre, ça ? C’est du cardio-poétique, de la muscu-conviviale. Et si en plus, tu dois crapahuter une petite côte ou presser le pas pour choper la dernière table en terrasse, c’est quasiment du fractionné !
Acte 3 : Et si on arrêtait de se prendre le chou, pour une fois ?
Alors, salle ou apéro ? La vérité, mon pote, c’est que la question est peut-être mal posée. Pourquoi choisir son camp comme si c’était une élection présidentielle ? Le dogmatisme, c’est le cancer de l’esprit. Nous, la tribu « Encore Debout », on est des adeptes du « et », pas du « ou ».
L’idée, c’est de trouver TON truc. Ce qui te fait vibrer, ce qui te donne l’impression que cette « flamme intacte » brûle encore bien fort. T’as envie de te défouler sur un sac de frappe en pensant à ton boss (ou à ton voisin qui tond sa pelouse le dimanche à 8h du mat’) ? Fonce ! Tu préfères une longue rando en forêt avec pour seule musique le chant des oiseaux et le craquement des feuilles mortes (et peut-être un petit groupe de black metal symphonique dans tes écouteurs, chacun ses perversions) ? Super !
L’important, c’est de ne pas finir fossilisé dans son canapé devant une énième rediffusion d’un truc que t’as déjà vu dix fois. Le mouvement, c’est la vie. Que ce soit en soulevant (un peu) de fonte, en marchant d’un bon pas, en jardinant comme un damné pour faire pousser tes tomates bios (parce que Monsanto, c’est le Mal, on est d’accord), en dansant comme un possédé dans ton salon sur du bon vieux son grunge, ou même en faisant l’amour (oui, ça compte aussi, et c’est tout de même plus sympa que les burpees).
Moi, après mon petit « rappel à l’ordre » cardiaque, j’ai compris un truc : chaque jour où on est « encore debout », c’est une putain de victoire. Alors, autant faire en sorte que la mécanique tienne le coup le plus longtemps possible, mais sans se transformer en moine-soldat du bien-être. Le plaisir, bordel ! Le plaisir avant tout !
Donc, la prochaine fois que tu te poses la question, dis-toi que le meilleur choix, c’est celui qui te fait du bien, à la tête et aux guibolles. Et si ta marche vers l’apéro est un peu plus longue et un peu plus rapide, tu pourras même dire que tu fais d’une pierre deux coups. Malin !
Allez, sur ce, je crois que ma propre marche vers une récompense bien méritée s’impose. Que la force (et une petite mousse artisanale) soit avec toi ! Tchin !



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